Previously, on Chocolate Wars …

Ceux qui ont suivi ma saga de ces 2 dernières semaines savent donc comment j’ai perdu l’équilibre au travail, ce qui m’a amenée à faire un bilan de compétences … et comment j’en suis arrivée à l’idée de me lancer dans la chocolaterie.

Le grand flip

Et c’est bien beau tout ça, mais une aussi jolie conclusion … il faut se lancer. Ben oui mais c’est super flippant !!!
Moi chocolatière …
Mr. Y. et moi allons-nous réussir à adapter notre train de vie à ma perte de salaire ?
Comment concilier nos rythmes de vie ? Si je dois travailler les week-ends ?
Tiendrai-je le coup dans ce métier plus physique que le mien (à peine un peu)(et encore, à l’époque je ne réalise pas du tout que ça pouvait l’être autant)  ?
La formation ne me fait pas peur, mais … trouverai-je du travail après ?
Aurai-je le courage de monter ma boîte quand l’heure viendra ? Sera-t-elle prospère ?
Saurai-je qui de la poule ou de l’œuf est arrivé en premier ?
Aaaaaahhhh j’ai le vertige !

Pendant 6 mois environ, je me pose ces questions, trouve des réponses assez rassurantes, me les repose, y re-réponds. Les pose à Mr. Y., qui trouve des réponses assez rassurantes. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il me donne toujours les mêmes réponses, s’impatiente gentiment…
Je me dis que si mon métier de consultante me convient bien, peut-être que changer de société me donnerait un nouveau souffle ? Je refais mon CV. Le fais relire à mon coach ès CV (mon père). Il me dit : “Ton CV il est nul, on sent que même toi t’es pas convaincue. Relis-le avec ton œil de recruteuse. Est-ce que tu te recruterais ?”. Non.

Les grands amis

Mes amis enthousiastes me disent : “Trop génial ! Quand est-ce qu’on goûte ?”.
Mes amis inquiets pour moi me disent : “Mais tu te vois vraiment debout dans une cuisine toute la sainte journée ?” “Une formation à Rouen ? Mais comment tu vas faire pour te loger ?”.
Mes amis entrepreneurs me disent : “Bon alors qu’est-ce que tu fous ?” “Quand est-ce que tu te lances ?” “Réfléchis : tu vois bien qu’en fait tu ne prends pas tant de risques que cela, tu pourras toujours rebondir.” “Allez soyons un peu sérieux, prépare moi des chocolats, et plus vite que ça !”

Tous à leur façon m’ont permis d’avancer. Les enthousiastes pour m’enthousiasmer. Les inquiets pour valider  que je m’étais bien posé les bonnes questions – et que j’avais une réponse satisfaisante pour toutes (en fait, oui, je me vois debout dans une cuisine toute la sainte journée. Ça tombe bien non ?). Les entrepreneurs parce qu’ils m’ont rassurée.

La grande annonce

Un beau jour, je réalise que je vis en apnée. Je vais travailler comme un automate, je vis comme un automate, je ne me pose plus de questions (trop flippant) … sauf dans les moments de détente : pendant nos petites escapades de weekend, au restau en amoureux … Là, je me reprends à rêver à ma chocolaterie. C’est le déclic. Je ne peux pas continuer comme ça, maintenant il faut que me lance dans cette aventure, sous peine de rester un automate jusqu’à la fin de mes jours !

Ça y est. Je suis prête. C’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Première étape : l’annoncer à mon patron. Aïe. Ça coince. A cette simple idée j’ai envie de pleurer (oui je suis (parfois (un peu)) émotive). Impossible de lui annoncer ça en pleurant ! Je décide d’aller voir ma psy (oui j’ai ma psy)(c’est pratique parce que du coup elle me connaît bien). Ça fait des années qu’elle ne m’a pas vue, ce sera l’occasion de lui donner des nouvelles. Elle adore l’idée. “Ce métier vous va tellement bien, foncez !”. “Mais j’ai le vertige, j’arrive pas à compter le nombre d’étapes pour arriver jusqu’au bout.” “Ouh là là malheureuse mais ne regardez surtout pas si loin, effectivement, c’est le vertige assuré ! Concentrez-vous sur la première étape. Il sera grand temps de penser à la suivante quand la première sera passée.” Donc première étape : l’annoncer à mon patron. (Y’a un bug dans la matrice ?). Le trop plein d’émotion est passé, je peux y aller.

Au fait, je fais une petite digression. Savez-vous comment on mange un éléphant ? Non ? Eh bien … bouchée après bouchée …

Le grand saut

Mon patron comprend immédiatement que j’ai besoin de cette aventure. Il apprécie énormément que je le consulte avant de prendre quelques jours pour tester le métier avec l’aide de Viamétiers. Il espère que suite à ce test, je revienne sur ma décision (manque de bol, ces 3 jours chez un chocolatier m’enchantent et me confortent dans mon projet.) Il accepte de m’accorder un Congé Individuel de Formation. Il ne me manque plus que le financement associé, à obtenir auprès du Fongécif.

Je vous passe les détails sur le dossier à monter, 2 refus, 1 recours … Mon dossier est beaucoup trop cher, notamment à cause de mon salaire de consultante qu’ils devraient me payer au minimum à 90%. Il m’aura fallu 1 an pour en arriver là. Mais je suis allée trop loin dans le projet pour y renoncer. Depuis 1 an que je demande des sous au Fongécif, moi j’en ai mis de côté. J’ai aussi la chance aussi d’être bien entourée. Et puis j’ai déjà commencé à réduire mon train de vie (pour mettre de côté justement). Je peux auto-financer ma formation.

Je suis inscrite à l’INBP à Rouen. J’ai une chambre étudiante juste en face. C’est parti …